Ce n’était pas encore officiel mais on s’en doutait fortement : Jean-François Douard est bien candidat à sa propre succession à la mairie de Lagord. C’est sur son blog qu’il a ouvert le 30 décembre qu’il l’annonce. On savait déjà qu’il était à nouveau candidat aux cantonales dans La Rochelle-9 grâce à la liste des soutiens et investitures de l’UMP publiée début décembre.

Alors qu’il se vante de choisir ses colistiers pour leurs compétences et non pour leur étiquette, M.Douard n’expose comme seul programme, pour l’instant, le fait qu’il soit de droite, enfin, en opposition à la majorité (de gauche) actuelle de la CdA. Lagord étant l’une des seules communes de droite dans la CdA (4 communes sur 17 ont voté Sarkozy à la présidentielle : Lagord, Marsilly, Saint-Vivien et Salles-sur-Mer), il est important de le réélire comme contre-pouvoir en quelque sorte.

Ce canton était à gauche depuis 1982 grâce au radical Jean-Paul Berthelot. Ce dernier était une personnalité à part dans le paysage politique départemental pour deux principales raisons. La première est qu’il a pendant 20 ans été réélu dans un canton profondément à droite, la seconde est qu’à chaque fois qu’il aurait pu faire pencher la balance en faveur de la gauche au conseil général, il a préféré mettre sa voix à droite. Ce fut notamment le cas en 2004 où, au sortir des élections, la gauche détenait 26 cantons contre 25 à la droite mais Berthelot a préféré donner sa voix à Claude Belot (UMP) pour la présidence du département.

En 2006, il décède et une élection partielle est organisée en novembre de la même année. Cinq candidats sont alors présents : un PCF, un PS, un UMP, un DVD et un FN. Avec une abstention de 57,6 %, la gauche est éliminée dès le premier tour avec seulement 12,1 % pour Patrick Abiven, le candidat socialiste. Au second tour, c’est le divers droite Daniel Hillairet qui l’emporte sur le candidat officiel de l’UMP par 51,3 % des voix. A noter qu’à ce second tour l’abstention est moins forte, 54,8 %, surprenant pour un tel cas de figure.

Cette année, Daniel Hillairet, qui reste divers droite, aura le soutien de l’UMP et tout porte donc à croire qu’il sera réélu triomphalement dès le premier tour de scrutin, le 9 mars prochain, le canton avait en effet, dès le premier tour donné 56,9 % de ses voix à Dominique Bussereau lors des législatives de juin.

Après les scrutins de 2007, la gauche se lèche les babines devant l’un des deux dernier cantons de droite de La Rochelle. En effet, aussi bien lors de la présidentielle que lors des législatives, les électeurs du canton ont donné la majorité à la gauche. Le sortant, Jean-François Douard (DVD), a donc beaucoup de soucis à se faire. Déjà en 2001, il avait frisé la défaite face à Jack Dillenbourg (PS), ne l’emportant que de 85 voix.

Cette année, les deux protagonistes de 2001 se retrouvent mais entre temps, le paysage a bien changé. A chaque élections depuis 2001, le canton a donné de nettes voire de très larges majorités à la gauche. Aux législatives de 2002 tout d’abord avec Maxime Bono qui l’avait emporté avec 53,6 %, aux régionales de 2004, où Ségolène Royal avait recueillie 59,1 % des voix, à la présidentielle, où la même candidate l’emportait cette fois-ci de 52,8 % puis enfin aux législatives de 2007 avec les 56,0 %  de Maxime Bono. M.Dillenbourg, outsider en 2001, part cette fois-là largement favori.

La course n’est pas pour autant gagnée d’avance, en effet, M.Douard conserve une grande notoriété dans le canton et il pourra compter sur le réservoir de voix qu’est Lagord, la ville dont il est le maire, la principale commune du canton.

Le canton d’Ars-en-Ré est symboliquement important pour la droite départementale. C’est non seulement un canton qu’elle ne risque pas de perdre lors du renouvellement de mars prochain mais c’est aussi l’ancienne terre d’élection de François Blaizot (UDF), président du conseil général de 1985 à 1994. Lors du renouvellement de 1994, c’est Paul Neveur (RPR) qui lui succéda. En 2008, ce dernier ne se représente pas et une primaire s’annonce à droite. Fin novembre, l’UMP de Charente-Maritime a investi le maire d’Ars-en-Ré, Jean-Louis Olivier (NC). Ce choix ne plait pas à tout le monde, notamment à Loix, où Lionel Quillet, le maire du village, a décidé de se présenter contre le candidat officiel de son camps. M.Quillet avait été, en 2002, candidat aux législatives pour l’UMP en tant que suppléant de l’éphémère Catherine Normandin. Les successions ont décidément du mal à se faire dans ce canton : en 1994, déjà, UDF et RPR n’étaient pas arrivés à se mettre d’accord et avaient présenté deux candidats. C’est M.Neveur qui avait remporté la primaire avec 42,8 % des suffrages contre 29,7 à l’UDF Emile Gaudin. Arrivé en tête au premier tour, le maire de La Couarde-sur-Mer était resté seul en lice au second avec le retrait du candidat UDF.

Depuis 1995, la droite rochelaise a une tradition, la division. Elle lui a coutée très chère il y a 7 ans avec seulement 25 % rassemblés par les deux listes de droite présentent lors du scrutin. Cette année les choses sont à la fois plus simples mais aussi plus mouvantes.

Aujourd’hui, une seule liste de droite est déclarée, à savoir celle de l’UMP menée par Dominique Morvant, cela dit il n’est pas totalement impossible d’en voir se déclarer une autre. Depuis déjà quelques années, le fils du maire divers-droite de Lagord, Richard Douard, ne cache pas ses prétentions sur l’hôtel de ville, ni sa déception face au travail de l’opposition « officielle » qu’incarnent Mme. Morvant et les 3 autres conseillers municipaux UMP. En juin dernier, pour les législatives, il se présente sous l’étiquette « divers droite ». Avec seulement 2,27 % dans la ville, les chances de voir une liste Douard à La Rochelle semblaient faibles. Lui-même voyait d’ailleurs dans ce score une « défaite sévère ». Néanmoins, dans son communiqué de fin de campagne il réaffirmait que sa défaite ne permettait pas « de réhabiliter l’opposition [officielle] » et qu’il restait « déterminé à poursuivre [son] engagement politique dans l’agglomération ». Pourtant depuis, plus rien, son blog n’a été remis à jour que le 28 décembre pour les vœux de fin d’année, il ne l’avait plus été depuis le 18 juin. Le site de la « Tribune Rochelaise », la publication dont il est le président, n’a pas non plus été remis à jour depuis les législatives. L’incertitude plane donc encore.

Mais la menace pourrait venir d’ailleurs et même de l’intérieur de cette fameuse opposition officielle que dénonce Richard Douard. Dominique Augras, élue en 2001 sur la liste Chastenet, ne cache pas son désaccord avec le choix de Dominique Morvant comme tête de liste. Pour elle, si elle était légitime pour les législatives, elle ne l’est plus après sa lourde défaite à la Rochelle avec seulement 39,3 %. Mme. Augras voudrait, en quelque, sorte commencer la campagne des municipales de 2014 en donnant la tête de liste à Gilles Raveau, élu en 2001 sur la liste Rougé. Nombreux sont ceux qui, à droite, pensent le combat perdu d’avance cette année alors que dans 6 ans, avec le départ de Maxime Bono, certains militants pensent, peut-être à juste titre, qu’il y aura là une occasion à ne pas manquer. En prenant la tête de l’opposition et de la liste dès cette année, Raveau pourrait alors commencer un travail de fond que la droite n’a pas réussi à produire (notamment à cause des divisions), ce qui est plus que jamais visible dans le résultat de juin.